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06/05/2016

L'hostilité d'İsmet İnönü à l'égard des milieux panturquistes anti-soviétiques

İsmet İnönü, discours à l'occasion de la journée de la jeunesse, Ankara, 19 mai 1944 :

"Le panturquisme est une manifestation dangereuse et malsaine de ces derniers temps. (...) Dans cette condition, nous sommes confrontés à des efforts hostiles à l'existence de la République et de l'Assemblée nationale sous couvert d'idées attrayantes. (...) Il est clair que ceux qui veulent mettre en avant ces idées, qui apporteront seulement des troubles et des désastres, ne peuvent être d'aucune utilité pour la nation turque."

05/05/2016

1944 : Staline empêche une attaque soviétique contre la Turquie

Le maréchal Fiodor Tolboukhine, cité par Akakij Mgeladze dans Stalin, kakim ja evo znal, Tbilissi, 2001, p. 61-62 :

"Lorsque les troupes qui se trouvaient sous mon commandement entrèrent en Bulgarie [en 1944], j'ai téléphoné au camarade Staline et je lui ai proposé de libérer les terres géorgiennes se trouvant en Turquie. Il m'interdit immédiatement de le faire, en me disant que c'était impossible pour des raisons politiques. Mais je ne cessais d'y penser et je me disais qu'il serait peut-être possible de convaincre le camarade Staline, d'obtenir son autorisation. La tentation était grande pour un militaire comme moi. Je rappelai Staline et il me dit de n'y plus penser, car ce serait une aventure. Si le camarade Staline me l'avait permis, j'aurais libéré ces terres en 24 heures, mais le camarade Staline voit plus loin que nous..."

17/04/2016

1990 : la victoire des communistes nationaux en Azerbaïdjan

"URSS : L'opposition battue par les "communistes nationaux" aux élections en Azerbaïdjan", Le Monde, 5 octobre 1990 :

"Contrairement à l'Arménie où le mouvement national démocratique avait gagné les élections législatives en juillet dernier et formé le gouvernement, en Azerbaïdjan voisin, les élections de dimanche ont marqué une défaite de l'opposition. Les résultats du premier tour de scrutin, publiés mercredi 3 octobre, ne lui donnent que 10 % des 260 sièges pourvus. Quarante autres députés du parlement doivent être élus au second tour dans deux semaines.

Profitant de l'état d'urgence imposé par l'armée soviétique depuis son intervention sanglante à Bakou en janvier dernier, le Parti communiste, alors totalement discrédité, a opéré un rétablissement en faisant siens les thèmes nationalistes et le développement économique indépendant. Sous la houlette de son nouveau chef, M. Ayaz Moutalibov, également président de la République et membre du nouveau bureau politique du Parti communiste soviétique, il a emporté la grande majorité des sièges.

Mais l'événement a été surtout le retour fracassant sur la scène politique de M. Geidar Aliev, ex-chef du KGB et du parti local et qui fut membre jusqu'en 1987 du bureau politique du PCUS. Il a obtenu 95 % des voix dans son fief du Nakhitchevan, République autonome azerbaïdjanaise enclavée entre l'Arménie, l'Iran et la Turquie. M. Aliev est vivement contesté par les intellectuels et craint par certains de ses héritiers, qui mettent en cause son népotisme, voire son rôle occulte dans les derniers troubles du Caucase. Mais il reste très populaire dans les campagnes, où l'on apprécie son opposition ouverte à M. Gorbatchev, qu'il a pu récemment exprimer à la télévision soviétique. Bien que cardiaque et âgé de soixante-dix ans, il pourrait briguer à nouveau le leadership local sous la bannière d'un "léninisme azéri", en s'opposant aux nouveaux dirigeants, pourtant issus de son sérail."

07/03/2016

Les relations entre la Turquie kémaliste et l'Espagne républicaine (1936-1939)

Bilâl N. Şimşir, Atatürk ve Yabancı Devlet Başkanları, tome III : "İspanya-Polonya", Ankara, TTK, 2001 :

"Manuel Azaña y Diaz, Président de la République Espagnole, à Son Excellence Président de la République Turque

Grand et Bon Ami :

C'est pour moi une grande satisfaction, en portant à Votre connaissance cette communication, de Vous exprimer mon ferme désir de travailler à maintenir une politique de rapprochement et de cordialité internationale et, en même temps, qu'il sera pour moi une tâche très agréable de resserrer, chaque jour, les bonnes relations qui existent heureusement entre l'Espagne et la Turquie.

Pour obtenir ce résultat, il me sera extrêmement agréable d'avoir l'assurance du précieux concours de Votre Excellence.

Je forme mes voeux les plus fervents pour la prospérité de Votre Nation et pour le bonheur de Votre Excellence.

Votre Bon Ami

(Signé)
MANUEL AZANA

(Contresigné)
Le Ministre d'Etat Julio Alvarez del Vayo

Au Palais National de Madrid
le 6 Septembre 1936

D.B.A. İdari. K. 60-0

No. 38

Manuel Azana y Diaz, Président de la République Espagnole, à Son Excellence Président de la République Turque

Tél. MADRID, le 29.10.1936

Je tiens à adresser à Votre Excellence à l'occasion de la Fête Nationale de la République mes bien chaleureuses félicitations avec les voeux sincères que je forme pour le bonheur de Votre Excellence et la prospérité de Sa Nation.

MANUEL AZANA
Président de la République Espagnole

D.B.A. İdari. K. 60-0" (p. 28-29

"No. 40

Kemal Atatürk, Président de la République Turque, à Monsieur Manuel Azana, Président de la République Espagnole

Tél. ANKARA, le 2.11.1936

Je remercie sincèrement Votre Excellence des souhaits qu'Elle a bien voulu m'adresser à l'occasion de l'anniversaire de la proclamation de la République et La prie de recevoir les meilleurs voeux que je forme pour Son bonheur personnel et la prospérité de la Nation Espagnole.

KEMAL ATATÜRK

D.B.A. İdari. K. 60-0

No. 41

Kemal Atatürk, Président de la République Turque, à Monsieur Manuel Azana, Président de la République Espagnole

Tél. ANKARA, le 13.4.1937

A l'occasion de la Fête Nationale Espagnole je prie Votre Excellence d'agréer avec mes plus vives félicitations les sincères voeux que je forme pour Son bonheur personnel et la prospérité de l'Espagne.

K. ATATÜRK

D.B.A. İdari. K. 60-0

No. 42

Manuel Azana y Diaz, Président de la République Espagnole, à S. E. Kemal Atatürk, Président de la République Turque

Tel. BARCELONA, 15.4.1937

Je remercie très vivement Votre Excellence des félicitations qu'Elle m'a adressée à l'occasion de la Fête Nationale Espagnole et prie Votre Excellence d'agréer mes voeux pour Son bonheur personnel et la prospérité de Sa Patrie.

MANUEL AZANA

D.B.A. İdari. K. 60-0" (p. 30-31)

"No. 46

Kernal Atatürk, Président de la République Turque, à Monsieur Manuel Azana, Président de la République Espagnole

Tél. ANKARA, le 13.4.1938

A l'occasion de la Fête Nationale Espagnole je prie Votre Excellence d'agréer mes plus vives félicitations et mes voeux très sincères.

K. ATATÜRK

D.B.A. İdari. K. 60-0 (...)

No. 47

Manuel Azana y Diaz, Président de la République Espagnole, à S. E. Kemal Atatürk, Président de la République Turque

Tél. BARCELONA, 15.4.1938

Je remercie vivement Votre Excellence de son télégramme de félicitation à l'occasion de la Fête Nationale de l'Espagne.

MANUEL AZANA
Président République

D.B.A. -Idari K. 60-0" (p. 34)

"No. 49

İspanya Cumhurbaşkanı Ekselâns M. Manuel Azana' dan, Türkiye Cumhurbaçkani Vekili Abdülhalik Renda'ya

Tel. BARSELONA, 11.11.1938

A l'occasion du décès du Fondateur de la République Turque, Son Excellence Kemal ATATÜRK, veuillez accepter avec mes plus sincères condoléances les meilleurs voeux pour la continuité de Son Grand Oeuvre.

MANUEL AZANA
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ESP A

D.BA.T.L-A.l-f.1

No. 50

Türkiye Cumhurbaşkanı Vekili Abdülhalik Renda'dan, İspanya Cumhurbaşkanı Ekselâns M. Manuel Azana'ya

Tel. ANKARA, 12.11.1938

Remercie vivement Votre Excellence des condoléances qu'Elle a bien voulu m'adresser à l'occasion de la perte de notre Grand Chef Kemal ATATÜRK.

RENDA

D.B.A.-T.l.-A.l.-f.l." (p. 36)

David Wingeate Pike, La crise espagnole de 1936 vue par la presse française, Toulouse, Université de Toulouse, 1966 :

"Les premiers 150 conseillers et techniciens russes arrivèrent le 13 octobre à Alicante, avec des ordres explicites par Staline d'après lesquels ils ne devaient pas s'exposer au feu ennemi ni, encore moins, au risque d'être faits prisonniers. Les premières cargaisons d'armes arrivèrent le 15 octobre à Cartagena et Alicante. Ce ne fut cependant que le 28 octobre que l'Union Soviétique reprit formellement à Londres sa liberté d'action. (...)

D'autre part, Le Midi soutenait à la fin d'octobre le démenti du gouvernement turc, selon lequel la Russie n'avait pas demandé l'autorisation de faire passer sa flotte de la Mer Noire par les Dardanelles. En réalité, 12 navires russes chargés d'armes destinées à l'Espagne, passèrent entre le premier et le 24 octobre par le Bosphore, vraisemblablement avec l'autorisation du gouvernement turc." (p. 169-170)

İsmail Soysal, Between East and West : Studies on Turkish Foreign Relations, Istanbul, Isis press, 2001 :

"Lorsque, en juillet 1936, la rébellion du Général Franco en Espagne contre le gouvernement socialiste prit le caractère d'une guerre civile, ce qui inquiéta le plus la France fut l'intervention dans ce conflit, du côté de Franco, de l'Italie fasciste et de l'Allemagne nazie. En France, le Front Populaire était au pouvoir. Afin d'empêcher que cette guerre civile ne dégénère en un conflit international, le gouvernement de Léon Blum émit, avec l'appui de la Grande-Bretagne, une « Déclaration de non-intervention » qu'il fit accepter aussi à d'autres pays d'Europe. C'est ainsi que fut organisé à Londres un « Comité de non-intervention ». La Turquie soutint sincèrement cette démarche et adhéra au Comité. Néanmoins, l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie ne tardèrent pas à fournir une aide importante en armes et en hommes à Franco, tandis que l'Union Soviétique faisait de même en faveur du gouvernement républicain de Madrid. A ce moment, en Méditerranée, les sous-marins italiens commencèrent à attaquer en corsaires les bateaux se rendant dans les ports sous contrôle des Républicains ou en venant. A titre de mesure préventive contre ces attaques, les Traités de Nyon et de Genève furent conclus les 14 et 17 septembre 1936, sur l'initiative de la France et de la Grande-Bretagne. La Turquie les signa et en appliqua les clauses. Ainsi une collaboration d'un genre nouveau s'instaura-t-elle dans les rapports turco-français." (p. 58)

"Lors de la guerre civile de 1936 en Espagne, l'Italie ayant créé une menace en Méditerranée par l'action de ses sous-marins, la Turquie a participé aux conférences de Nyon et de Genève, convoquées par la Grande-Bretagne et la France afin d'empêcher ces actes de piraterie et signé, le 14 septembre 1937, l'Accord additionnel à cet Arrangement, conclu à Genève." (p. 147)

10/11/2015

L'alliance serrée entre le mouvement de libération nationale turc et la Russie bolchevique

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Maxime Rodinson, Marxisme et monde musulman, Paris, Le Seuil, 1972 :

"La Turquie n'a pas cessé depuis 1908 de vivre dans une atmosphère révolutionnaire. La révolution jeune-turque, le régime à la fois tyrannique, superficiellement et fiévreusement novateur qui en est issu, la guerre de 1914 aux côtés des Empires centraux, l'héroïsme dépensé pour une cause douteuse, la lutte à la fois contre la révolte sourde des allogènes réclamant leur liberté et contre les impérialismes occidentaux qui se partageaient jusqu'au cœur du pays proprement turc, la défaite et l'occupation étrangère, la lutte contre le collaborationnisme des vieux cadres ottomans et l'épopée des paysans anatoliens au combat contre les étrangers que soutenaient tous les Alliés victorieux, mouvement dont Mustafa Kemâl sut prendre la tête, tout cela constituait une atmosphère singulièrement stimulante. Une jeune bourgeoisie, ardemment nationaliste et novatrice, luttait pour son indépendance, pour sa fierté nationale et brisait les vieux cadres de l'Empire ottoman mal rafistolés par les francs-maçons jeunes-turcs. Sous la conduite du jeune Kemâl, elle portait atteinte hardiment aux traditions les plus sacrées. Et au-delà des frontières turques, comme fond de tableau, la nouvelle Europe en gestation douloureuse dominée par l'appel de Moscou et par la lutte contre la vague du bolchevisme qui menaçait le monde entier et semblait pouvoir tout emporter.

Le prolétariat turc était dans l'enfance et la lutte de classes éclipsée, et de loin, par la lutte nationale. La bourgeoisie révolutionnaire turque en avait trop peur pour le laisser s'engager sur la voie que montraient les discours ardents émanant de Moscou ou de Bakou. Elle se sentait assez forte pour mener néanmoins sans faiblir sa lutte contre les impérialismes occidentaux. Elle pouvait même se payer le luxe d'une alliance serrée avec la Russie soviétique." (p. 400)

"A un banquet à Ankara où Frounze appelait la Turquie opprimée à se joindre à la lutte contre les oppresseurs, il [Kemal] répondait sauvagement : « Il n'y a ni oppresseurs, ni opprimés ; il n'y a que ceux qui se laissent opprimer. Les Turcs ne sont pas de ceux-ci. Les Turcs peuvent s'occuper de leurs propres affaires, que les autres en fassent autant. » Mais il était intéressé par la Russie soviétique au plus haut point. C'était une force. Le petit P.C. turc fut toléré un moment, étroitement surveillé bien entendu. La politique de la IIIe Internationale avait changé, d'ailleurs. Fin 1921, le mot d'ordre général devenait la tactique du front unique. L'Internationale prenait conscience du fait que la révolution mondiale n'était décidément pas pour demain. En ce qui concernait spécialement la Turquie, c'était le seul pays au monde qui, pour ses buts propres, luttait contre les mêmes pays que la Russie soviétique, le seul allié possible dans un univers hostile et menaçant. Comme devait le dire Radek un peu plus tard, le pays des Soviets avait intérêt (au moment où l'entente organisait son blocus) à voir les Détroits échapper à l'Angleterre et laisser libre passage au pétrole qui en venait et au blé qui y entrait. « N'oubliez pas, disait-il aux communistes turcs, qu'historiquement le moment n'est pas venu d'engager la bataille décisive ; vous avez encore loin à aller. » Les Turcs comprenaient tout cela et s'engagèrent à observer strictement le « pacte national », l'appui au gouvernement nationaliste ; la lutte contre l'impérialisme occidental, principal ennemi, primait sur la lutte contre la bourgeoisie turque." (p. 403)

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19/10/2015

Doğu Perinçek : une figure du maoïsme turc

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"Le régime militaire turc déclenche une vague d'épuration dans l'enseignement supérieur", Le Monde, 18 novembre 1982 :

"(...) l'ancien dirigeant du parti ouvrier-paysan de Turquie (T.I.K.P.-prochinois), Dogu Perincek, a été condamné mardi à un an de prison par la cour martiale d'Istanbul pour "atteinte à la sécurité de l'Etat"."

"Vingt-sept dirigeants d'un parti gauchiste antiterroriste sont condamnés à des peines de prison", Le Monde, 6 mai 1983 :

"Ankara. - Au terme d'un procès qui s'était ouvert en juin 1981, le tribunal militaire d'Ankara a condamné à des peines de cinq à douze ans de prison, mercredi 4 mai, vingt-sept dirigeants du Parti ouvrier paysan de Turquie (en abrégé : T.I.K.P.) accusés d'avoir créé une organisation "en vue d'assurer la domination d'une classe sociale sur les autres." Quarante autres prévenus ont été, en revanche, acquittés.

Le T.I.K.P., organisation progressiste de tendance prochinoise, s'était dans le passé opposé de façon véhémente aux partisans des menées terroristes, en s'érigeant en ennemi acharné à la fois de l'Union soviétique et des milieux ultranationalistes, qu'il accusait d'être l'instigateur de la violence politique en Turquie. Il avait déjà été dissous par le régime militaire en octobre 1981, comme toutes les autres formations politiques turques.

Au premier rang des condamnés figurent M. Perincek, président du parti, et MM. Yalcin et Camkiran, membres du comité exécutif, condamnés à douze ans de détention. Le tribunal a décidé toutefois de réduire à dix ans la peine de M. Camkiran pour compenser la "bonne conduite" que ce dernier avait prouvée en rentrant au pays à l'appel des autorités, alors qu'il s'était déjà réfugié à l'étranger. Le président du parti et ses neuf autres camarades qui comparaissaient en prévenus libres depuis plusieurs, mois déjà ont été aussitôt incarcérés après le verdict."

"Turquie : libération de dirigeants maoïstes", Le Monde, 28 février 1985 :

"Cinq dirigeants du Parti ouvrier et paysan de Turquie (TIKP, maoïste) dont son ancien président, M. Dogu Perincek, ont été remis en liberté conditionnelle après quatre années de détention, ont indiqué, le mardi 26 février, des sources judiciaires d'Ankara citées par l'AFP. Quatre autres responsables de la même formation demeurent, en revanche, incarcérés. Les dirigeants du TIKP dissous sont passibles de peines allant jusqu'à douze ans de prison pour "tentative d'établissement de la domination de la classe ouvrière"."

Laurent Zecchini, "L'"affaire Karen Fogg" jette un froid entre l'UE et la Turquie", Le Monde, 21 février 2002 :

"Considérée à l'origine comme un fait divers monté en épingle par un agitateur notoire, l'"affaire Karen Fogg", du nom de la représentante de la Commission européenne à Ankara, a pris l'allure d'une affaire d'Etat : elle pourrait bien altérer sérieusement les relations (déjà passablement délicates et complexes) entre la Turquie, candidate à l'entrée dans l'Union européenne, et la Commission.

Tout a débuté il y a huit jours, lorsque Dogu Perinçek, directeur de l'hebdomadaire Aydinlik (Clarté), a commencé à étaler sur la place publique le courrier électronique de Karen Fogg. Extraits soigneusement choisis, bien sûr, assortis de commentaires destinés à convaincre les lecteurs d'un "complot contre la Turquie" fomenté... à Bruxelles.

Ce piratage de courrier électronique serait presque insignifiant s'il était isolé, mais Dogu Perinçek a affirmé être en possession de quelque 7 000 e-mails de la même source. Fanfaronnade, a-t-on d'abord pensé à Ankara. Sauf que, à raison d'une conférence de presse quasi quotidienne, et de la publication de nombreux extraits de ce courrier (interne et externe) de la représentation européenne en Turquie dans l'hebdomadaire de M. Perinçek, des dizaines de messages électroniques ont déjà été diffusés. Bref, l'"agitateur" ne semble pas être un mythomane. Son journal est l'organe d'expression (confidentiel) du Parti des travailleurs, un parti d'extrême gauche marginal et non représenté au Parlement.

Vieux militant maoïste longtemps proche du Sentier lumineux péruvien, antiaméricain et tiers-mondiste, Dogu Perinçek s'est mué depuis une quinzaine d'années en militant ultranationaliste et anti-européen. Il s'affirme lui-même proche de ce qu'on appelle à Ankara l'"Etat profond", c'est-à-dire le tout-puissant lobby de l'armée et des services secrets, dont on sait qu'il n'est pas favorable au rapprochement avec l'UE."

31/08/2015

Le parcours de l'Ouzbek Rashid Dostom

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Jean-Marie Montali et Jacques Torregano, "L'autre Afghanistan", Le Figaro Magazine, 4 janvier 1997 :

"Le général ouzbek Rachid Dostom est né en 1955 à Shiberghan, petite ville proche de Mazar-e Charif, où se trouve aujourd'hui le siège de son parti : le Junbish (mouvement national islamique d'Afghanistan). Très jeune, il adhère au parti démocratique du peuple afghan (PDPA) - dénomination banalisée du parti communiste, dont il devient très rapidement cadre. Il s'engage également dans l'armée et sert dans la cavalerie motorisée. Avec l'invasion russe, il devient un serviteur zélé de l'armée Rouge et du gouvernement prosoviétique de Kaboul. A la tête de ses hommes - tous des Afghans -, il se bat contre les moudjahidin dans la vallée du Panjshir, dans le Kundunz ou à Kandahar. Très vite, la guérilla apprend à craindre celui pour qui il n'existe qu'un seul mot d'ordre : guerre totale. Ses exploits lui valent un premier surnom : « Gillam Jam ». Deux mots qui claquent comme une insulte. Cela peut se traduire par « rassembleur de tapis ». Une façon de dire qu'après un raid sur un village, Dostom pille le contenu de chaque maison. En 1990, il est nommé général de division. Un an plus tard, il est membre du comité central du parti et devient général de corps d'armée. En 1992, il change une première fois de camp et rejoint celui de la guérilla du légendaire Ahmed Sha Massoud, le héros de la résistance. L'alliance - qui a probablement hâté la fin du communisme - ne dure pas : Dostom tente de prendre Kaboul et trahit Massoud. Puis, c'est l'arrivée des talibans sur la scène afghane. Dostom hésite, tergiverse et décide enfin de se ranger, une nouvelle fois, du côté de Massoud. Un dernier détail : Dostom n'est pas son vrai nom. C'est un surnom qui veut dire « mon ami ». Il existe plusieurs versions sur son origine. La plus répandue prétend que ce sont les Russes qui, les premiers, l'ont appelé ainsi."

Les positions soviétiques sur le conflit chypriote

Dimitri Kitsikis, "Le conflit de Chypre", Revue française de science politique, 15e année, n° 2, 1965, p. 286-287 :

"(...) à présent, Chypre échappait à l'O.T.A.N. et passait dans le camp neutraliste. La Turquie résolut, non certes de l'y rejoindre, mais d'esquisser elle aussi un mouvement vers le Caire et Moscou, dans l'espoir de neutraliser les nouveaux appuis du président de Chypre.

Les initiatives du gouvernement turc dans ce sens ont été précédées d'un mouvement dans l'opinion turque en faveur d'un rapprochement avec les pays non alignés et d'un certain dégagement des alliances occidentales, mouvement constaté dans la deuxième quinzaine de septembre, c'est-à-dire pendant les pourparlers soviéto-chypriotes à Moscou. Dès le début d'octobre, apprenant que le président de Chypre participerait à la conférence au sommet des pays non alignés, le gouvernement turc dépêcha au Caire deux observateurs. Pourtant ce geste ne suffit pas à satisfaire les fédérations nationales des étudiants de Turquie qui publièrent un communiqué déplorant que leur pays n'ait pas participé activement à la conférence. Le gouvernement turc décida alors de prendre à son tour le chemin de Moscou. Erkin, ministre des Affaires étrangères, s'y rendit le 30 octobre. C'était la première fois, depuis octobre 1939, qu'un membre du gouvernement turc se rendait dans la capitale soviétique. Le résultat du voyage fut une amélioration des rapports turco-soviétiques sur le plan culturel et commercial. Sur le plan politique, Erkin avait bien souligné que la Turquie n'entendait pas s'écarter de ses alliés occidentaux. En ce qui concerne Chypre, l'Union soviétique, malgré son grand désir d'améliorer ses rapports avec sa voisine, amélioration qu'elle recherchait depuis des années sans succès, ne pouvait promettre grand-chose, alors qu'elle soutenait Makarios le neutraliste, d'autant plus que le gouvernement turc ne donnait pas encore des signes de désengagement.

Mais justement dans la mesure où l'Union soviétique soutient le gouvernement de Chypre et non le gouvernement grec, Moscou a pu déclarer à Erkin qu'elle n'était pas en faveur de l'Enosis, partageant ainsi le point de vue de Makarios qui n'entend pas livrer son île neutraliste à un pays de l'O.T.A.N. De plus, elle a pu déclarer au ministre turc qu'afin que l'île ne pût constituer un danger pour la sécurité de la Turquie, il faudrait qu'elle fût démilitarisée, ce que demande également Makarios. Enfin, elle a dû certainement insister sur la sauvegarde des droits légitimes de la minorité turque."

"Sans illusions", Le Monde, 21 décembre 1966 :

"Il y a deux ans, M. Ismet Inonu, alors président du conseil, envoyait à Moscou son ministre des affaires étrangères, qui s'acquitta avec succès de sa mission : à un certain "dégagement" d'Ankara à l'égard de l'allié américain le gouvernement soviétique répondait par la reconnaissance des droits nationaux de la minorité turque à Chypre. Mieux, l'U.R.S.S. comblait les vœux de M. Inonu en prônant l'indépendance de l'île, ce qui allait à rencontre des aspirations unitaires des Grecs."

François Schlosser et Kenize Mourad, "Chypre : Kissinger joue et perd", Le Nouvel Observateur, 19 août 1974 :

"Anatole Dobrynine, revenu tout bronzé de Crimée où il a passé ses vacances, n'avait pas de position soviétique très élaborée à défendre mercredi dernier, quand il a rencontré pour la première fois Gerald Ford. Les membres du Politburo, en effet, sont eux aussi en vacances. Et les réactions à Moscou sont étonnamment calmes. On a d'abord soutenu les Turcs parce qu'ils semblaient oeuvrer en faveur du gouvernement légitime de Mgr Makarios. On s'est ensuite félicité de l'aubaine que constitue le retrait de la Grèce de l'O.T.A.N. Mais sans plus."

Artun Unsal, "Turquie : L'Union soviétique livrera du gaz naturel à Ankara à partir de 1987", Le Monde, 28 décembre 1984 :

"M. Tikhonov, a été reçu par le président de la République, M. Evren, auquel il a transmis une invitation à Moscou du chef de l'Etat soviétique, M. Tchernenko. Il a déclaré qu'"en dépit de la différence de leurs systèmes économiques et sociaux" les deux pays ont "des intérêts communs durables" que les "changements conjucturels ne sauraient influencer".

Durant les entretiens officiels, le dirigeant soviétique aurait délibérément omis de faire la moindre allusion au contentieux turco-grec en mer Egée, témoignant ainsi du désir de Moscou d'avoir des "relations équilibrées" avec ces deux pays. Sur Chypre, les Soviétiques auraient indiqué qu'ils soutiennent les efforts du secrétaire général des Nations unies en vue de relancer les négociations intercommunautaires. On remarque du côté turc que Moscou ne se fait plus le champion de la réunion d'une conférence internationale à propos de Chypre."

16/07/2015

Les relations entre la Turquie et la Chine populaire dans les années 70

Artun Unsal, "Le ministre chinois des affaires étrangères effectue une visite officielle à Ankara", Le Monde, 14 mai 1978 :

"Ankara. - Après la visite de pongistes et de basketteurs chinois dès l'ouverture de l'ambassade de Pékin dans la capitale turque, en 1971, M. Huang Hua, ministre chinois des affaires étrangères, est arrivé le lundi 12 juin à Ankara pour un séjour officiel de quatre jours.

En juillet 1974, M. Gunes, ministre turc des affaires étrangères du gouvernement de coalition (parti républicain du peuple et parti du salut national) s'était rendu à Pékin pour une visite officielle, raccourcie en raison de l'intervention à Chypre. Le chef de la diplomatie chinoise répond officiellement à cette visite.

"Il n'existe aucun problème dans les relations entre les deux pays", a souligné M. Ecevit, qui souhaite renforcer la coopération économique, scientifique et culturelle avec la Chine. Mais il semble que M. Huang cherche moins à développer les échanges commerciaux (du reste fort modestes) qu'à mesurer la véritable portée du rapprochement turc avec Moscou. En effet les Chinois pensent que, en raison de sa position "géopolitique", la Turquie constitue un facteur de paix dans la région, qu'elle devrait demeurer membre de l'OTAN, pour faire obstacle, selon Pékin, à l'expansionnisme du Kremlin. Dans l'allocution qu'il a prononcée au cours du banquet offert par ses hôtes turcs, M. Huang a dénoncé sans la nommer "une superpuissance qui pratique une politique d'encerclement par les flancs" à l'encontre de l'Europe, tout en multipliant ses menées subversives au Proche-Orient, en Afrique et dans d'autres régions du monde.

Mais il semble que les Turcs, tout en écoutant poliment les Chinois, comme ils l'ont déjà fait pour les Occidentaux s'abstiendront de prendre une position hostile envers l'Union soviétique, avec qui ils partagent au nord une frontière commune de 610 kilomètres, au moment où il est question de la signature d'une déclaration politique entre Moscou et Ankara. D'ailleurs, Ankara a rappelé, à plusieurs reprises, sa fidélité à l'Alliance atlantique et estimé que sa politique de rapprochement avec les Soviétiques n'est pas incompatible dans un monde où la détente devrait tout primer.

La Turquie souhaite bénéficier des expériences chinoises dans le domaine de l'énergie (notamment les forages pétroliers), de l'agriculture et de l'industrie, ainsi que l'a souligné M. Okun, ministre turc des affaires étrangères. Elle apprécie d'autre part la position de Pékin dans la question chypriote. En effet, les Chinois sont d'avis qu'il n'y aura aucune solution viable en dehors du cadre intercommunautaire et demeurent hostiles à l'internationalisation, que souhaitent les Chypriotes grecs, soutenus à cet égard par Moscou.

Après avoir été reçu par le chef de l'Etat, M. Koruturk, M. Huang devait également rencontrer le ministre turc de la défense, ainsi que le ministre d'Etat chargé des relations économiques."

Zhou Enlai et la Turquie

Zhou Enlai, entretien au quotidien turc Akşam, 13 avril 1965 :

"Il n'y a pas d'obstacle de notre part à l'établissement de relations diplomatiques entre la Turquie et la Chine. (...) La Turquie et la Chine sont toutes deux des pays asiatiques. Il y a de très vieux et très profonds liens historiques et culturels entre elles. Par le moyen de votre visite, le premier pas de l'amitié, qui sera établie entre nos deux pays, a été franchi."