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27/02/2017

Le respect d'Atatürk pour Trotsky (en tant qu'ancien chef de l'Armée rouge)

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Trotsky à Büyükada.

 

Fritz Sternberg, "Entretiens avec Trotski", Le Contrat social, volume VIII, n° 4, juillet-août 1964, p. 210 :

"Je n'ai jamais entendu Trotski prendre la parole à un meeting mais, en tête à tête avec lui, j'ai parfois senti, le temps d'un éclair, le grand orateur, le tribun du peuple, l'homme qui pouvait, d'une seule phrase, rétablir l'ordre dans une situation confuse.

La maison où il vivait n'était pas gardée par la police, je le répète, bien que des lettres de menaces arrivassent sans cesse d'extrémistes de l'Action française. Je l'ai dit, il avait avec lui deux bergers allemands dressés, et lui-même, son fils et ses secrétaires avaient tous des armes à feu. Le temps étant chaud, je lui demandai un jour s'il sortait beaucoup : il me répondit que ses promenades se limitaient au jardin et que sa santé en souffrait.

Lorsque je m'enquis de Prinkipo [Büyükada], il me répondit : « Oh, les choses étaient mille fois mieux là-bas. J'avais à demeure un policier turc chargé de ma protection, et nous allions souvent à la pêche — non pas avec des cannes et des lignes mais en canot et avec de grands filets. Nous prenions tellement de poisson qu'il y en avait non seulement assez pour moi et ma famille et pour les policiers, mais qu'il en restait une quantité que ces derniers vendaient à bon prix en ville. » Trotski ajouta que c'était l'air sain de Prinkipo qui avait augmenté sa capacité de travail et lui avait permis d'écrire trois gros livres en un temps relativement court.

« Mais n'avez-vous pas été emprisonné en Turquie ? demandai-je. Staline ne l'a-t-il pas réclamé une fois qu'il vous eut fait déporter ?
— Oh oui, Staline l'a réclamé, mais Kemal Pacha a refusé d'obtempérer.
— Pourquoi ?
— Quand la Turquie luttait contre la Grèce, je lui étais venu en aide avec l'Armée rouge. Des compagnons d'armes n'oublient pas ce genre de choses. Voilà pourquoi, malgré les pressions de Staline, Kemal Pacha ne m'a pas coffré. » "

Pierre Broué, Trotsky, chapitre XXXVII : "L'asile en Turquie", Paris, Fayard, 1988 :

"Le gouvernement turc manifesta d'ailleurs un réel intérêt pour son hôte en contribuant lui-même, quoique de façon modeste, à sa sécurité, par la présence d'un certain nombre de policiers, allant jusqu'à choisir, pour commander ce petit détachement, un sous-officier connaissant quelques mots de russe et de français.

Selon Jean van Heijenoort, qui fut pendant sept ans un proche collaborateur de Trotsky, Kemal Pacha aurait gardé à l'ancien chef de l'Armée rouge une vive reconnaissance pour l'envoi d'armes et de matériel au temps de la guerre contre la Grèce. Selon un témoignage, qu'il rapporte, de Gérard Rosenthal, autre proche de Trotsky, Kemal Pacha, au début de 1930, envoya son aide de camp chez Trotsky et chercha à le rencontrer.

Très vite, d'ailleurs, le gouvernement turc avait fait savoir à Trotsky qu'il avait accordé ce visa parce que le gouvernement soviétique l'avait sollicité pour lui pour des raisons de santé, et que cet octroi n'avait fait l'objet d'aucune négociation. Il l'assura aussi de ses bonnes dispositions et de sa détermination d'assurer les meilleures conditions pour un séjour qu'il ne désirait pas limiter. Il le manifesta d'ailleurs en 1932 en délivrant sans difficultés à Trotsky, Natalia Ivanovna et leur compagnons, les papiers nécessaires non seulement au départ, mais au retour, à l'occasion d'un voyage à Copenhague."

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19/02/2017

Staline et le nationalisme azéri

Moyen-Orient et Maghreb : Histoire - Géographie - Géopolitique - Economie (ouv. col.), Paris, Pearson, 2010, p. 41 :

"Présents en Iran (17 millions) et en Turquie (800 000), les Azéris parlent une langue nourrie d'apports turcs et persans. Très actif en 1945, d'autant qu'il est alors instrumentalisé par Staline qui souhaitait détacher les provinces septentrionales de l'Iran du reste du pays, le nationalisme azéri demeure vivace et peut compter sur le soutien de la République d'Azerbaïdjan (GAMOH : Mouvement du réveil national de l'Azerbaïdjan du Sud)."

07/02/2017

Les rapports d'amitié entre la Turquie d'Atatürk et l'URSS (années 20 et 30)

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Le maréchal Vorochilov et Atatürk.

 

Stefan Velikov, "A l'occasion du cinquantenaire de la proclamation de la République Turque", Etudes balkaniques, volume 2, 1973, p. 14 :

"Jusqu'à la mort d'Atatürk, la politique turque enregistra pour la période 1923-1938 des succès considérables, surtout par l'établissement de rapports diplomatiques normaux avec l'Union soviétique. Il conviendrait d'affirmer que les rapports d'amitié existant entre la Turquie et l'Union soviétique constituèrent un facteur d'importance dans l'affermissement de la politique étrangère du pays. Lorsque l'Italie fasciste, soutenue par l'Angleterre, se livra à une politique hostile et provocatrice envers la Turquie, l'Union soviétique conclut le 17 décembre 1925 un Traité d'amitié et de neutralité avec la Turquie. Un traité de commerce et une convention maritime furent conclus en 1927 entre la Turquie et l'Union soviétique. Grâce au caractère amical de ces rapports, l'économie turque progressa considérablement en 1942. Le gouvernement soviétique accorda à la Turquie un crédit à longue échéance et sans intérêts de 8 millions de dollars. Le Traité d'amitié et de neutralité signé entre les deux pays en 1925 fut prolongé en 1935 d'un délai supplémentaire de 10 ans. Faisant le bilan de l'utilité et des profits pour la Turquie de l'amitié et de la coopération avec l'Union soviétique, Kemal Atatürk exprima sa profonde gratitude dans un discours prononcé en 1935 devant le VIe congrès du parti populaire, disant entre autres: “Comme toujours notre amitié avec les Soviets demeure solide et sincère. Ayant vu le jour dans les moments pénibles de notre histoire, elle demeurera toujours un souvenir inoubliable et bien cher au peuple turc.” Dans ce même discours, Kemal mit en relief l'aide précieuse accordée par l'Union soviétique à la Turquie au sujet du problème des Détroits qui devait être examiné par la Société des Nations en avril 1935. Alors que l'Angleterre, la France et l'Italie entravaient autant que possible l'examen de la proposition turque, l'Union soviétique, au contraire, appuya la demande de la Turquie. Et c'est justement à cette occasion que Kemal déclara : “Dernièrement, lorsque nous avons soulevé la question des Détroits, l'appui qui nous a été donné en faveur de notre thèse par l'Union soviétique fut de nouveau l'objet d'une démonstration de gratitude et d'amitié profonde de notre peuple envers notre voisine... L'amitié turco-soviétique a toujours contribué au bénéfice de la paix mondiale. A l'avenir, aussi, elle ne sera qu'utile et bénéfique.” "

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