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31/08/2015

Les positions soviétiques sur le conflit chypriote

Dimitri Kitsikis, "Le conflit de Chypre", Revue française de science politique, 15e année, n° 2, 1965, p. 286-287 :

"(...) à présent, Chypre échappait à l'O.T.A.N. et passait dans le camp neutraliste. La Turquie résolut, non certes de l'y rejoindre, mais d'esquisser elle aussi un mouvement vers le Caire et Moscou, dans l'espoir de neutraliser les nouveaux appuis du président de Chypre.

Les initiatives du gouvernement turc dans ce sens ont été précédées d'un mouvement dans l'opinion turque en faveur d'un rapprochement avec les pays non alignés et d'un certain dégagement des alliances occidentales, mouvement constaté dans la deuxième quinzaine de septembre, c'est-à-dire pendant les pourparlers soviéto-chypriotes à Moscou. Dès le début d'octobre, apprenant que le président de Chypre participerait à la conférence au sommet des pays non alignés, le gouvernement turc dépêcha au Caire deux observateurs. Pourtant ce geste ne suffit pas à satisfaire les fédérations nationales des étudiants de Turquie qui publièrent un communiqué déplorant que leur pays n'ait pas participé activement à la conférence. Le gouvernement turc décida alors de prendre à son tour le chemin de Moscou. Erkin, ministre des Affaires étrangères, s'y rendit le 30 octobre. C'était la première fois, depuis octobre 1939, qu'un membre du gouvernement turc se rendait dans la capitale soviétique. Le résultat du voyage fut une amélioration des rapports turco-soviétiques sur le plan culturel et commercial. Sur le plan politique, Erkin avait bien souligné que la Turquie n'entendait pas s'écarter de ses alliés occidentaux. En ce qui concerne Chypre, l'Union soviétique, malgré son grand désir d'améliorer ses rapports avec sa voisine, amélioration qu'elle recherchait depuis des années sans succès, ne pouvait promettre grand-chose, alors qu'elle soutenait Makarios le neutraliste, d'autant plus que le gouvernement turc ne donnait pas encore des signes de désengagement.

Mais justement dans la mesure où l'Union soviétique soutient le gouvernement de Chypre et non le gouvernement grec, Moscou a pu déclarer à Erkin qu'elle n'était pas en faveur de l'Enosis, partageant ainsi le point de vue de Makarios qui n'entend pas livrer son île neutraliste à un pays de l'O.T.A.N. De plus, elle a pu déclarer au ministre turc qu'afin que l'île ne pût constituer un danger pour la sécurité de la Turquie, il faudrait qu'elle fût démilitarisée, ce que demande également Makarios. Enfin, elle a dû certainement insister sur la sauvegarde des droits légitimes de la minorité turque."

"Sans illusions", Le Monde, 21 décembre 1966 :

"Il y a deux ans, M. Ismet Inonu, alors président du conseil, envoyait à Moscou son ministre des affaires étrangères, qui s'acquitta avec succès de sa mission : à un certain "dégagement" d'Ankara à l'égard de l'allié américain le gouvernement soviétique répondait par la reconnaissance des droits nationaux de la minorité turque à Chypre. Mieux, l'U.R.S.S. comblait les vœux de M. Inonu en prônant l'indépendance de l'île, ce qui allait à rencontre des aspirations unitaires des Grecs."

François Schlosser et Kenize Mourad, "Chypre : Kissinger joue et perd", Le Nouvel Observateur, 19 août 1974 :

"Anatole Dobrynine, revenu tout bronzé de Crimée où il a passé ses vacances, n'avait pas de position soviétique très élaborée à défendre mercredi dernier, quand il a rencontré pour la première fois Gerald Ford. Les membres du Politburo, en effet, sont eux aussi en vacances. Et les réactions à Moscou sont étonnamment calmes. On a d'abord soutenu les Turcs parce qu'ils semblaient oeuvrer en faveur du gouvernement légitime de Mgr Makarios. On s'est ensuite félicité de l'aubaine que constitue le retrait de la Grèce de l'O.T.A.N. Mais sans plus."

Artun Unsal, "Turquie : L'Union soviétique livrera du gaz naturel à Ankara à partir de 1987", Le Monde, 28 décembre 1984 :

"M. Tikhonov, a été reçu par le président de la République, M. Evren, auquel il a transmis une invitation à Moscou du chef de l'Etat soviétique, M. Tchernenko. Il a déclaré qu'"en dépit de la différence de leurs systèmes économiques et sociaux" les deux pays ont "des intérêts communs durables" que les "changements conjucturels ne sauraient influencer".

Durant les entretiens officiels, le dirigeant soviétique aurait délibérément omis de faire la moindre allusion au contentieux turco-grec en mer Egée, témoignant ainsi du désir de Moscou d'avoir des "relations équilibrées" avec ces deux pays. Sur Chypre, les Soviétiques auraient indiqué qu'ils soutiennent les efforts du secrétaire général des Nations unies en vue de relancer les négociations intercommunautaires. On remarque du côté turc que Moscou ne se fait plus le champion de la réunion d'une conférence internationale à propos de Chypre."

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