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15/11/2013

Place Taksim : la reconnaissance des kémalistes pour l'aide apportée par la Russie de Lénine dans la guerre de libération nationale turque

Cumhuriyet Aniti_Taksim_1928.jpg

 

Le Monument de la République, sur la place Taksim : derrière Atatürk, les bolcheviks Frounze et Vorochilov.

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Vladimir Lénine et Mustafa Kemal Atatürk

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Mustafa Kemal, lettre officielle à Lénine, 26 avril 1920 :

"Nous prenons l'engagement de nous joindre avec toute notre énergie et toutes nos opérations militaires aux bolcheviks russes qui se donnent pour but de lutter contre les gouvernements impérialistes afin de libérer tous ceux qui sont opprimés par eux. (...)

Afin de chasser les forces impérialistes qui occupent notre territoire habité par notre peuple et afin de consolider notre force intérieure pour pouvoir continuer la lutte commune contre l'impérialisme, nous demandons à la Russie soviétique de nous accorder sous forme de première aide cinq millions de livres turques-or, des armes et des munitions, dont la quantité sera fixée au cours des négociations à venir, et, en plus, certains moyens techniques militaires et du matériel sanitaire, de même que des produits alimentaires pour nos troupes."

Vladimir Lénine, télégramme à Mustafa Kemal, 7 janvier 1921 :

"Puis-je exprimer à nouveau notre gratitude pour votre message, et aussi nos voeux les plus sincères au peuple turc et son gouvernement qui se battent avec une énergie indestructible pour l'indépendance et la prospérité de leur pays."

Mustafa Kemal, lettre à Lénine, 10 avril 1922 :

"Mon Cher Président,

Le Traité que nous avons heureusement conclu avec la Russie ayant été suivi avec ceux intervenus entre nous et les Républiques du Caucase et subséquemment l'Ukraine, la Grande Assemblée Nationale de Turquie a ratifié récemment ce dernier Traité.

Pour procéder à l'échange des instruments de ratification une Mission Extraordinaire choisie an sein de la Grande Assemblée Nationale de Turquie et présidée par le Docteur Riza Nour Bey, Commissaire du Peuple pour l'Hygiène Publique et l'Assistance Sociale est partie pour l'Ukraine.

Etant un des négociateurs du Traité de Moscou Riza Nour Bey a aussi été chargé de se rendre en mission spéciale auprès de Vous.

L'Amitié de la Russie est toujours et comme par le passé la base fondamentale de la politique du Gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie.

J'estime qu'actuellement nos deux Pays doivent plus que jamais constituer un bloc ferme en face de nouvelles méthodes inaugurées par les Puissances impérialistes et capitalistes. L'aide que nous a apportée la Russie à maintes reprises acquiert à nos yeux une importance spéciale.

Riza Nour Bey aura certainement 1'occasion de revenir à ce sujet dans ses conversations. En tout cas, je nourris le ferme espoir que cotte aide ne nous fera pas non plus défaut dans les circonstances que nous traversons.

Je termine, Mon Cher Président, en Vous assurant de mon très sincère et très profond dévouement et de ma très haute considération."

Samir Amin et le développement de la Turquie kémaliste

Samir Amin, Itinéraire intellectuel. Regards sur le demi-siècle 1945-90, Paris, L'Harmattan, 1993, p. 115-116 :

"En Asie occidentale les circonstances - la pression de l'URSS - avaient fait de la Turquie un allié inconditionnel des Etats-Unis. Il reste que Washington n'a jamais renoncé à profiter de sa présence pour liquider le kémalisme - l'ancêtre avec trente ans d'avance du nassérisme et du projet de Bandoung. Revenu deux fois au pouvoir, en 1961 lorsque le général Gursel met un terme au régime compradore de Menderes, puis en 1980, le kémalisme, épuisé depuis longtemps, n'a jamais été capable ni de se dépasser lui-même, ni de laisser la place à un mouvement démocratique et populaire capable potentiellement de le faire. Son dérapage dans la direction du chauvinisme en 1983 (l'affaire de Chypre) s'explique peut-être par cet échec. Obnubilée par sa candidature à l'adhésion à la CEE, toujours refusée par Bruxelles, la Turquie a néanmoins à son actif un développement industriel compétitif qui la range dans le peloton de tête du tiers-monde nouveau. L'effondrement de l'URSS et la nouvelle donne au Moyen-Orient vont-ils mettre cette puissance au service d'un expansionnisme tournant délibérément le dos à l'Europe, ranimant un "néo-ottomanisme" ou un "néo-pantouranisme" ?"

Samir Amin, L'ethnie à l'assaut des nations : Yougoslavie, Ethiopie, Paris, L'Harmattan, 1994, p. 69-70 :

"Aujourd'hui, l'Asie centrale ex-soviétique constitue, avec la Turquie, la seule région du monde islamique sortie de la misère abjecte et de l'inefficacité totale de ses systèmes d'organisation et de production. Elle le doit au pouvoir soviétique."