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15/11/2013

Samir Amin et le développement de la Turquie kémaliste

Samir Amin, Itinéraire intellectuel. Regards sur le demi-siècle 1945-90, Paris, L'Harmattan, 1993, p. 115-116 :

"En Asie occidentale les circonstances - la pression de l'URSS - avaient fait de la Turquie un allié inconditionnel des Etats-Unis. Il reste que Washington n'a jamais renoncé à profiter de sa présence pour liquider le kémalisme - l'ancêtre avec trente ans d'avance du nassérisme et du projet de Bandoung. Revenu deux fois au pouvoir, en 1961 lorsque le général Gursel met un terme au régime compradore de Menderes, puis en 1980, le kémalisme, épuisé depuis longtemps, n'a jamais été capable ni de se dépasser lui-même, ni de laisser la place à un mouvement démocratique et populaire capable potentiellement de le faire. Son dérapage dans la direction du chauvinisme en 1983 (l'affaire de Chypre) s'explique peut-être par cet échec. Obnubilée par sa candidature à l'adhésion à la CEE, toujours refusée par Bruxelles, la Turquie a néanmoins à son actif un développement industriel compétitif qui la range dans le peloton de tête du tiers-monde nouveau. L'effondrement de l'URSS et la nouvelle donne au Moyen-Orient vont-ils mettre cette puissance au service d'un expansionnisme tournant délibérément le dos à l'Europe, ranimant un "néo-ottomanisme" ou un "néo-pantouranisme" ?"

Samir Amin, L'ethnie à l'assaut des nations : Yougoslavie, Ethiopie, Paris, L'Harmattan, 1994, p. 69-70 :

"Aujourd'hui, l'Asie centrale ex-soviétique constitue, avec la Turquie, la seule région du monde islamique sortie de la misère abjecte et de l'inefficacité totale de ses systèmes d'organisation et de production. Elle le doit au pouvoir soviétique."