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19/06/2016

La méfiance des marxistes à l'égard du nationalisme arménien

Anahide Ter Minassian, "Le mouvement révolutionnaire arménien, 1890-1903", Cahiers du monde russe et soviétique, volume 14, n° 4, 1973, p. 559-560 :

"Jamais les marxistes russes, géorgiens et arméniens n'acceptèrent de qualifier de socialistes les partis hintchak et daschnak, qu'ils dénoncèrent toujours auprès des socialistes européens comme des partis nationalistes bourgeois. La conversion officielle des daschnaks au socialisme fut interprétée comme une manoeuvre, point de vue que les S.-R. russes devaient toujours partager. (...)

En 1894, Hovsep Atabékiantz avait traduit, à Stuttgart, le Manifeste du Parti communiste. Il envoya une longue lettre à Engels, sollicitant une introduction pour sa traduction arménienne et décrivant les « atrocités bulgares » dont étaient victimes les Arméniens de Turquie. Engels refusa, invoquant son ignorance de l'arménien, mais à la fin de sa lettre il déclara : « Mon opinion personnelle est que la libération de l'Arménie du joug turc, de même que du joug russe, sera possible lorsque le tsarisme s'écroulera. »

Ainsi, Engels rappelait les leçons de Marx : lutter contre le tsarisme, ne pas favoriser le démembrement de l'Empire ottoman. Cela explique pourquoi les socialistes allemands, dont K. Liebknecht, ont d'abord considéré avec méfiance les mouvements révolutionnaires arméniens en Turquie, qui leur paraissent être menés d'un point de vue totalement étranger au socialisme. Dirigés par des Arméniens de Russie, suspects d'être des agents doubles, ces mouvements tendent à faire éclater l'Empire ottoman, donc à favoriser l'expansion russe en Asie Mineure et à renforcer l'autocratie."

14/07/2015

Années 40-50 : le châtiment contre les dachnaks (fascistes-collaborationnistes arméniens) en URSS

Kliment Vorochilov, note au Praesidium du Comité Central du PCUS sur le nombre et les catégories de déplacés spéciaux en URSS (4 mars 1954), source : Nicolas Werth, "Les déportations des « populations suspectes » dans les espaces russes et soviétiques, 1914-1953", Communisme, n° 78-79, 2004, p. 45 :

"Conformément au décret du Praesidium du Soviet Suprême de l'URSS en date du 21 février 1948, ont été envoyés en déportation, à l'issue de leur peine de camp, les espions, les trotskystes, les mencheviks, les droitiers, les terroristes, les nationalistes et les autres criminels particulièrement dangereux. Cette catégorie représente, à ce jour, 52 468 individus.

On trouve également, dans les villages de peuplement, de nombreuses autres catégories de personnes déportées sur décision du gouvernement de l'URSS :

- ex-koulaks, déportés des régions de collectivisation totale en vertu du décret du Conseil des commissaires du peuple en date du 1er février 1931, et toujours en vie, soit à ce jour 24 686 individus.

- citoyens soviétiques d'origine polonaise, déportés des districts frontaliers des RSS de Biélorussie et d'Ukraine, conformément à la résolution du Conseil des commissaires du peuple en date du 28 avril 1936, soit à ce jour 36 045 individus.

- membres de l'OUN, déportés des régions occidentales de l'Ukraine conformément aux résolutions du Conseil des ministres du 10 septembre 1947 et 4 octobre 1948, soit à ce jour 175 063 individus.

- citoyens soviétiques, de nationalité étrangère ou sans nationalité définie, dachnaks et autres, déportés de Géorgie en vertu de la résolution du Comité d'Etat à la Défense du 31 juillet 1944 et des résolutions du Conseil des ministres du 29 mai 1949, 21 février 1950 et 29 novembre 1951, soit à ce jour 160 197 individus.

- « Vlassoviens », déportés pour une durée de six ans conformément à la résolution du Comité d'Etat à la Défense du 21 décembre 1945 et de la résolution du Conseil des ministres en date du 29 mars 1946, soit à ce jour 56 476 individus."

12/12/2013

La lutte des forces soviéto-azéries contre le nationalisme arménien au Haut-Karabakh (1988-1991)

Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, 1972-1998, Paris, PUF, 2002 :

"Dès septembre 1988, sous la pression du FPA, Bakou impose un blocus de la RSS d'Arménie et du Haut-Karabakh. Le général Safonov, commandant des forces soviéto-azéries dans l'enclave rattachées à la IVe armée soviétique, décrète l'état d'urgence, le 24 septembre, trois jours après les affrontements de Stepanakert qui ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés des deux côtés. Au même moment, S. Haroutounian reçoit discrètement à Erevan H. Maroukhian, venu lui indiquer que la FRA s'engage à soutenir le pouvoir en place à la seule condition que Erevan se porte garante de la sécurité des Arméniens du Haut-Karabakh." (p. 149)

Gaïdz Franck Minassian, "Le Haut Karabagh : la guerre pour une enclave", Cahiers de l'Orient, n° 57, 2000 :

"A priori, le rapport de force penche en faveur des forces azéries qui peuvent s'appuyer sur la législation en vigueur en matière d'état d'urgence et sur les forces du ministère de l'Intérieur d'Azerbaïdjan, les OMON, composées exclusivement d'Azéris. Ce sont elles qui, sous commandement direct de la direction du PC Azerbaïdjanais, interviennent dans la guerre pour rétablir la légalité soviéto-azerbaïdjanaise.

Cependant, dans l'enclave, on a affaire à un bi-commandement sous la houlette du tandem Safonov-Polianitchko : les OMON sont placés sous étroite surveillance du quartier-général de l'armée soviétique à Aghdam, commandé par le général Safonov, éphore du Haut-Karabagh, qui prend toutes les mesures de sécurité et organise les plans d'évacuation des Arméniens, avec la complicité du numéro deux du PC Azerbaïdjanais, le russe Victor Polianitchko. Le tandem Safonov-Polianitchko sera victime de sa terreur. En 1994, les deux responsables auraient été abattus par des terroristes dachnaks." (p. 93)

"Les forces soviéto-azéries passent de nouveau à l'action en décembre lorsque l'Arménie indépendantiste rejette les modalités du Traité de l'Union de M. Gorbatchev, incompatibles avec sa déclaration de souveraineté du 17 août 1990, alors que l'Azerbaïdjan communiste les approuve. Le bras de fer entre Moscou et Erevan met le feu aux poudres dans le Haut-Karabagh, où les forces soviéto-azéries lancent l'opération « Anneau » (Kaltsou en russe) qui consiste à régler la question du Haut-Karabagh par l'usage de la force. Aussitôt, le général Safonov accuse les Arméniens de fanatisme, de subversion, de terrorisme et de sabotage contre l'ordre soviétique. Dès le mois d'avril 1991, les forces soviéto-azéries sont prêtes à intervenir avec chars et artillerie lourde. A Stepanakert, l'heure est aux négociations. Les députés communistes arméniens croient encore à la stratégie du compromis et dissuadent ceux qui veulent rejoindre l'Organisation des Combattants de la Liberté du Karabagh (OCLK), embryon de commandement unifié sous la direction conjointe de dachnaks et d'indépendants." (p. 95)