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06/11/2017

Les activités du PKK (organisation de type ethno-sectaire) en Allemagne de l'Ouest

Claude Leggewie, "Turcs, Kurdes et Allemands. Histoire d'une migration : de la stratification sociale à la différenciation culturelle, 1961-1990", Le Mouvement Social, n° 188, juillet-septembre 1999, p. 116-117 :

"Bien que l'idéologie de guérilla sectaire ne soit représentative que d'une petite fraction des immigrés kurdes, le P.K.K. a réussi à devenir la voix la plus bruyante du peuple kurde, en ravissant le rôle principal aux intellectuels en exil et aux associations ethniques d'entraide. Ce parti, interdit par le gouvernement allemand en 1993, fit tout son possible pour radicaliser le contraste ethnique apparu grâce à la politisation du conflit ethnique en Turquie et contraignit les émigrés à prendre parti. (...) Le P.K.K., qui avait réussi à infiltrer un certain nombre d'associations d'exilés, exploita ce sentiment. Les données fournies par la police allemande indiquent qu'en 1995 le P.K.K. comptait neuf mille militants et cinquante mille sympathisants en Allemagne. Il n'est pas organisé en parti mais en société secrète, contrôlant d'une main de fer des centaines de cellules locales et extorquant impitoyablement de l'argent. Des « exécutions » de « transfuges » et de « traîtres » ont effrayé et réduit au silence les courants kurdes modérés. En 1996, le P.K.K. a même annoncé son intention de s'en prendre aux touristes allemands en Turquie et d'intensifier ses opérations terroristes sur le « deuxième front » en Allemagne, par exemple sous la forme d'assassinats et d'attentats à la bombe. Depuis lors, cependant, l'influence du P.K.K. semble avoir diminué, tandis que l'escalade de la guerre civile en Turquie se poursuit et qu'une solution de la question kurde semble plus éloignée que jamais."

23/04/2017

La faible participation des nationalistes kurdes au mouvement anti-guerre en Turquie (2003)

"Turquie : Le réveil du mouvement", Rouge (hebdomadaire de la LCR), n° 2010, 27 mars 2002 :

"Après l'accession au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP, islamiste) et le refus du Parlement turc d'autoriser le passage des troupes étatsuniennes, le mouvement contre la guerre connaît de nouveaux développements.

Jusqu'au 1er mars dernier, les mouvement antiguerre et altermondialiste n'étaient pas parvenus à se construire en Turquie. L'an dernier, seulement 6 000 personnes avaient participé à une manifestation pour la Palestine, organisée par le Parti de la liberté et de la solidarité (ÖDP).

A l'approche de la guerre, une coordination contre la guerre en Irak s'est constituée, incluant 150 organisations de toutes grandeurs comme la Confédération des syndicats des travailleurs publics (Kesk), la Confédération des syndicats des ouvriers révolutionnaires (DISK ), l'Union des médecins turcs (TTB), l'Union des chambres des ingénieurs et des architectes turcs (TMMOB) et des personnalités. La première manifestation, en plein centre d'Istanbul, en janvier, ainsi que la seconde du 15 février où les organisations politiques étaient prépondérantes, n'ont réuni que 5 000 personnes chacune. Le mouvement kurde, qui constitue généralement la partie la plus nombreuse des manifestations de masse, confronté à un dilemme en raison de la guerre en Irak, n'avait assuré qu'une faible participation. De plus, il voulait absolument inclure parmi les revendications une protestation contre les mesures d'isolement auxquelles est soumis Öcalan.

Cocktails Molotov et vitrines fracassées lors de la dispersion de la foule ont provoqué des débats dans le mouvement antiguerre. Certains ont même alors suggéré de ne plus mener d'actions collectives contre la guerre. Finalement, c'est l'option d'une participation massive aux manifestations du 1er mars qui l'a emporté.

Le 1er mars 2003, le mouvement antiguerre a acquis une grande force morale, car l'autorisation de passage des troupes étatsuniennes avait été reportée et les discussions se poursuivaient toujours à l'Assemblée. Ce fut la plus grande manifestation de masse de ces dernières années, avec 50 000 participants. Le Disk, le TTB et le TMMOB ont rassemblé des cortèges importants. Le Syndicats des ouvriers de la Turquie (Turk-Is) a également regroupé un nombre inattendu de manifestants.

Mais les cortèges les plus dynamiques furent celui du Syndicat des enseignants (Egitim-Sen), affilié au Kesk, ainsi qu'un cortège rassemblant la jeunesse. L'ÖDP était en tête des partis politiques. Les islamistes, sensiblement plus nombreux que les partis de gauche, ont respecté la discipline de la manifestation.

Le refus du Parlement d'accorder aux troupes étatsuniennes l'autorisation de traverser la Turquie a contribué à légitimer le mouvement contre la guerre. A l'inverse, le poids des manifestations de rue sur cette décision est difficile à évaluer. Les députés de l'AKP sont peu sensibles aux initiatives impulsées par les partis de gauche ou par les organisations syndicales et sociales qui constituent l'essentiel des manifestations de rue. En revanche, l'AKP ne peut faire totalement la sourde oreille face à certaines organisations ou personnalités qui se sont exprimées contre la guerre, soit dans la rue, soit dans la presse.

A l'heure actuelle, la mobilisation populaire va également devoir affronter la mise en oeuvre des mesures "sociales" réclamées par le FMI et qui auraient dû être réalisées à la veille des élections de novembre 2002, mais qui ont été retardées à cause de la guerre.

Le mouvement antiguerre a connu une accélération et réalisé une percée significative. Il peut constituer un facteur de régénération du combat politique et social. Ainsi, après une longue interruption, on assiste à une convergence de l'opposition sociale et des partis politiques. Elle commence à se faire entendre à l'échelle mondiale, ce qui lui assure une certaine légitimité en Turquie même. Et peut lui permettre, malgré les tensions, de s'inscrire dans la durée."

14/07/2015

L'URSS et le séparatisme kurde en Turquie

Semih Vaner, "La Turquie entre l'Occident-Patron et le « Grand Voisin du Nord »", in Zaki Laïdi (dir.), L'URSS vue du Tiers Monde, Paris, Karthala, 1984, p. 100 :

"La plupart des organisations kurdes se réclamant du marxisme comme Özgürlük yolu (« Le chemin de la liberté »), Roja Walat (« Le soleil du pays »), le DDKD (Association culturelle démocratique et révolutionnaire) et le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) toutes démantelées par la junte militaire à la fin de 1980, se diront résolument pro-soviétiques et chercheront, dans leur lutte, l'appui de Moscou qui observe pourtant une certaine prudence en n'encourageant pas le séparatisme. Deux autres organisations kurdes de gauche resteront extrêmement critiques envers l'URSS : Kawa, prochinois, mettra quasiment sur le même plan la lutte contre l'URSS et la lutte pour l'indépendance du Kurdistan tandis que Rizgari reprochera au PC soviétique de n'avoir jamais fait de déclaration sur le droit des Kurdes à disposer d'eux-mêmes."

03/12/2013

La condamnation soviétique de la révolte de Şeyh Said (1925)

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Caricature de Şeyh Said dans la presse soviétique.

 

Celal Sayan, La construction de l'Etat national turc et le mouvement national kurde, 1918-1938, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2002, p. 573-574 :

"L'attitude de l'Union soviétique à l'égard du mouvement insurrectionnel kurde, fut écartée longtemps du champ des discussions en Turquie et au Kurdistan. Le soulèvement kurde s'est déroulé dans une période où les divergences entre les fondateurs de l'Union soviétique n'étaient pas au rendez-vous ; par conséquent l'héritage de cette période était revendiqué par la gauche dite révolutionnaire, toutes tendances confondues. Et le fait que tous les soulèvements kurdes de cette époque soient qualifiés de réactionnaires et condamnés par le pouvoir soviétique faisait qu'en Turquie ou les "forces progressistes" n'en parlaient pas ou bien lorsqu'il s'agissait d'exprimer l'opinion sur ces soulèvements, la "réaction", le "jeu de l'impérialisme", les "féodaux réactionnaires" etc., occupaient la grande partie du terrain dans les discussions.

Livrées à la presse par un bulletin spécial, le 26 février 1925 à Moscou, les précisions de l'internationale communiste se dessinaient ainsi :

"La révolte de Cheikh Saïd contre Mustafa Kemal et le gouvernement d'Ankara est jugée par Moscou comme une attaque contre-révolutionnaire menée en alliance par la réaction turque et l'impérialisme anglais.

"Mustafa Kemal représente le mouvement de la libération nationale et s'emploie à la démocratisation de la Turquie et à sa libération de l'emprise du féodalisme et des fanatiques musulmans. Contre Mustafa Kemal luttent en premier lieu l'impérialisme, en second lieu les notables, en troisième lieu les religieux et en quatrième lieu la bourgeoisie marchande des villes portuaires, liée aux capitaux étrangers".

Les communistes turcs qui sans l'approbation de Moscou ne faisaient rien de leur propre initiative, écrivaient les phrases suivantes, dans les numéros du 26 février et 5 mars de l'hebdomadaire des communistes turcs "Orak-Çekiç" (la faucille et le marteau) :

"A la tête de la réaction se trouve non pas le Cheikh Saïd mais le despotisme ; contre la réaction le peuple est avec le gouvernement".

"A bas la réaction..., à l'Assemblée nationale d'Ankara les mains de la bourgeoisie gauchiste serrent la gorge des bigots moyenâgeux."

La liste des qualificatifs employés par les communistes turcs est longue. Ils ont gardé la même attitude contre le soulèvement d'Agridagh et celui de Dersim également. De nos jours, il se trouve que l'attitude de l'ex-Union soviétique et celle des communistes d'autres pays qui la suivaient aveuglément, ne font plus l'objet de l'attention qui était, autrefois si dense."