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24/03/2017

Le mouvement national bachkir et la révolution d'Octobre

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Zeki Velidi Togan alias Ahmet Zeki Validov.

 

Alexandre Bennigsen et Chantal Lemercier-Quelquejay, L'Islam en Union soviétique, Paris, Payot, 1968 :

"L'éphémère gouvernement turkestanais se dispersa pour rejoindre les Basmatchis, partisans anti-soviétiques déjà engagés dans une longue et sanglante guérilla contre les forces soviétiques. Au même moment, les milices rouges venues de l'Ural et de la Sibérie pénétraient dans les Steppes Kazakhes et brisaient le faible pouvoir autonome établi par le Parti d'Alach-Orda. Les unes après les autres, les villes des Steppes tombèrent entre leurs mains : Akmolinsk et Kustanay le 7 janvier, Aktyubinsk le lendemain, Orenburg le 18 janvier, Turgaysk et Semipalatinsk le 21 janvier, enfin Vernyi (Alma-Ata) le 3 mars. A Orenburg, au pouvoir des Bolcheviks, le Gouvernement national bachkir formé en décembre 1917 sous la présidence d'Ahmed Zeki Validov qui était resté neutre dans le conflit entre les « Rouges » et les Cosaques d'Orenburg, se scinda bientôt en deux fractions rivales. La fraction de gauche dirigée par Cherif Manatov accepta de coopérer avec les Soviets et son chef de file se vit confier par Staline la vice-présidence du « Commissariat Central Musulman » ; l'autre fraction sous la conduite de Zeki Validov adopta envers les Bolcheviks une attitude d'expectative hostile et ses chefs furent arrêtés en février 1918." (p. 94-95)

"En juin 1918, Zeki Validov et les chefs nationalistes bachkirs, descendirent des montagnes où ils s'étaient réfugiés en avril et essayèrent de rétablir l'autonomie nationale de leur peuple en liaison avec le Komutch de Samara et le « Gouvernement de la Sibérie Orientale » formé entre-temps à Omsk par Grichin-Almazov. Rentrés à Orenburg dans le sillage de Dutov, ils y rétablirent en août un Gouvernement National de la Bachkirie, présidé par Ahmed Zeki Validov, dont l'autorité s'étendait à tout le territoire bachkir et qui disposait d'une force réelle représentée par l'armée des volontaires Bachkirs." (p. 101)

"Quelle que fût leur attitude profonde envers l'idéologie communiste et le problème de la révolution mondiale, ces communistes nationalistes et ces « compagnons de route » musulmans avaient en commun leur confiance sinon dans le prolétariat russe, du moins dans certains chefs du Komintern, notamment dans Lénine et leur conviction que le communisme pouvait représenter un facteur favorable pour la libération des peuples musulmans. Même les plus méfiants considéraient qu'une alliance temporaire avec les Bolcheviks était utile, voire même nécessaire.

Jusqu'en 1923, ce groupe d'intellectuels musulmans domina presque sans partage les Partis Communistes et l'administration soviétique des territoires musulmans de l'U. R. S. S. Puis perdit régulièrement de son autorité jusqu'aux alentours de 1928, époque où commencèrent les grandes épurations des Partis Communistes nationaux. Mais il ne convient pas de sous-estimer l'action que ce groupe exerça sur la politique, l'économie et la culture des peuples musulmans.

L'ère de la collaboration entre ces éléments nationalistes et les autorités bolchevikes fut plus ou moins longue selon les régions. C'est en Bachkirie qu'elle fut la plus courte. Les leaders nationalistes qui, sous la conduite de Zeki Validov, collaborèrent au Bachrevkom — véritable Gouvernement provisoire national de la République Bachkire — furent les premiers à se rendre compte de l'impossibilité d'une entente durable avec les Bolcheviks russes. En juin 1920, Zeki Validov et quelques-uns de ses proches collaborateurs s'enfuirent au Turkestan pour rejoindre les Basmatchis. Cependant, même après la rupture, un certain nombre des anciens leaders nationalistes restèrent en Bachkirie et continuèrent d'y exercer, jusqu'en 1923, des fonctions importantes (2).

(2) Parmi eux, on peut citer, à titre d'exemple, les noms d'Abdurrahman Fahreddinov, fils de Rizaeddin Fahreddin, dernier mufti de Russie, ancien militant du mouvement « islahiste », Socialiste-Révolutionnaire de droite, adversaire des Bolcheviks en 1917, membre actif du mouvement national bachkir et compagnon de Zeki Validov, qui, après 1920 resta en U. R. S. S. et s'y consacra aux travaux scientifiques sur l'histoire du peuple Bachkir ; ou encore celui d'Ilyas Alkin, fils de Seid Girey Mirza Alkin, un des leaders du Parti Ittifaq al-Müslimin, lieutenant de l'armée tsariste, Socialiste-Révolutionnaire de droite, président en juillet 1917 du Harbi Chura, adversaire déclaré des Bolcheviks en 1918, puis chef d'Etat-Major de l'armée bachkire de Zeki Validov. Devenu membre du Bachrevkom en 1920, il resta en Bachkirie Soviétique et participa dans les années trente à la rédaction de la revue orientaliste Revolyutsionnyi Vostok de Moscou." (p. 115)

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