12/12/2013
Le parcours de Heidar Aliev au sein du système soviétique
Heidar Aliev et Leonid Brejnev.
Antoine Constant, L'Azerbaïdjan, Paris, Karthala, 2002 :
"Né en 1923 au Nakhitchevan, Heidar Aliev fit une brillante carrière au sein du KGB. Avant d'être nommé premier secrétaire du Parti lors du plénum de juillet 1969, il fut le vice-président de cet organe pour l'Azerbaïdjan en 1964, devenu son président en 1967, la première fois pour un Azéri depuis Mir Djafar Baghirov. Homme d'envergure, il marqua les 13 ans de sa mandature sur le pays d'une forte empreinte personnelle. Son ombre était présente dans tous les secteurs, de l'économie à la création artistique en passant par l'éducation. Il mena une traque implacable contre les corrompus et les incompétents.
Farouche partisan du magistère idéologique du Parti, le « hussard noir » de Moscou entendait que ses structures locales jouent un rôle moteur dans la conduite des affaires et soient un modèle de discipline dans l'exercice du pouvoir. Il renforça le contrôle sur les cadres. Sa faconde fondamentaliste, sa rectitude affichée face aux instructions de Moscou s'illustrèrent notablement en matière économique. Sa politique d'encadrement étroit du secteur économique par le Parti produisit des résultats saisissants remarqués à Moscou. Les taux de productivité s'élevèrent soudainement tant dans le secteur industriel qu'agricole. Parvenu au sixième rang dans l'Union pour la productivité industrielle dès 1974, il affichait un taux record de croissance industrielle de 47 % entre 1976 et 1980, plaçant le pays au premier rang de l'Union. En 1970, le revenu moyen par habitant était de 60% de celui de la moyenne nationale ; en 1980, il avait atteint 80 %.
La production du coton et du raisin s'envola spectaculairement. Dans les années 80, le pays devint le principal producteur soviétique de raisin et en dix ans avait plus que doublé la production de coton (5,5 millions de tonnes). (...)
Sa méthode d'administration de la République passait par une forte promotion des cadres azéris. Cette politique proche d'une nouvelle « korenizatsia » consolida une « nomenklatura » locale, ce qui valut plus tard à son initiateur des critiques de « favoritisme » (origine du Nakhitchevan), de « réseau » (issus du KGB) ou de « maffia Aliev ». Entre 1970 et 1979, la proportion de Russes baissa de 10 à 8 % et celle d'Arméniens de 9 à 8 %. Dans la même période, la population azérie s'était accrue d'un peu plus d'un million d'individus, faisant suite à la période 1960-1970 au cours de laquelle la population azérie avait double de moitié. La pression démographique restait très forte tandis que la crise du logement se faisait de plus en plus aiguë, sans que le pouvoir n'y apporte de réponse adéquate. Pour la première fois, la part des urbains dépassait celle des ruraux, Bakou comptant environ 1,5 million d'habitants, soit plus de 20 % d'augmentation en dix ans. En 1970, les Azéris étaient pour la première fois majoritaires à Bakou qui devint la première capitale d'une république musulmane à avoir une majorité de natifs." (p. 320-321)
"A la mort de Léonid Brejnev en novembre 1982, la nomination de Youri Andropov (1982-1984), ancien chef du KGB, au poste de premier secrétaire du PCUS mena Heidar Aliev au Politburo à Moscou et au poste de vice-président du conseil des ministres de l'URSS. L'accession de Mikhaïl Gorbatchev en mars 1985 au pouvoir marqua la fin de la présence azérie dans les cercles de l'Etat central. Un accident cardiaque qui frappa Aliev servit de prétexte à sa mise à la retraite prématurée le 21 octobre 1987. Les deux hommes ne s'entendaient pas." (p. 324)
18:17 | Tags : azerbaïdjan, urss, aliev, brejnev, andropov, gorbatchev, caucase, nakhitchevan | Lien permanent | Commentaires (0)
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