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15/04/2017

Falih Rıfkı Atay et l'URSS

Falih Rifki Atay.jpg

 

"U. R. S. S.", Bulletin périodique de la presse turque, n° 90, 4-5 mars 1932, p. 13-14 :

"Le publiciste Falih Rifki Bey, vient de publier sous ce titre, La Russie nouvelle, les résultats d'un voyage d'études fait en 1930. La Djumhouriet du 11-1 en donne un compte rendu élogieux. Les deux pays, qui ont une situation géographique analogue, viennent de passer par les mêmes épreuves pour aboutir, l'un à l'européanisation, l'autre au communisme. Ils se connaissent mal encore, bien qu'ils aient grand intérêt à se connaître, et, selon Falih Rifki Bey.

« Les citoyens éclairés de la Turquie nouvelle commettraient donc ni plus ni moins un crime en négligeant de suivre au jour le jour l'essor et le développement du pays voisin, qui compte 150 millions d'âmes. »

Très complet, très méthodique, et plein de vie, cet ouvrage donne lieu à de nombreuses réflexions, surtout sur le fait suivant :

« Après avoir engagé une dépense de deux millions de livres en trois ans pour réparer le théâtre d'Odessa, les Russes proposent maintenant d'édifier un nouvel édifice théâtral. Alors que par ailleurs la population se trouve être réduite à une existence précaire, et que le pavage des rues laisse fortement à désirer... Je vous entends bien me demander le mot de cette énigme !...

Eh bien, le voici :

« Parce que, nous dit Falih Rifki Bey, l'élan, l'ardeur et l'émotion que le nouveau régime inspire à ces braves gens, entretiennent sur pied les beaux-arts ; parce que, enfin, il importe de pourvoir à l'éducation de la tête et de l'esprit pour arriver à élever une foule asiatique au niveau des peuples les plus avancés ! »

A aller constater cette, vérité en Russie et à mettre à profit ce que nous verrions là nous n'en deviendrions guère des bolchevistes nous-mêmes, je suppose... Notre voisine à sûrement beaucoup de choses qui pourraient nous servir de leçon et dont nous pourrions profiter largement. La brochure de Falih Rifki est donc, à notre avis, la premier flambeau qui est appelé à nous éclairer dans ce sens, et c'est à ce titre que nous nous plaisons a lui rendre ici un hommage mérité. » "

"U.R.S.S.", Bulletin périodique de la presse turque, n° 103, 18-20 octobre 1934, p. 11 :

"Falih Rifki Bek, rédacteur en chef de la Hakimiet-i Millié, avait pris part, avec plusieurs autres intellectuels turcs, au Congrès des écrivains soviétiques, tenu à Moscou. Il est revenu enchanté de l'accueil qui lui a été fait, et, dans un article intitulé : « Parmi nos amis », il célèbre l'amitié turco-soviétique, profonde et déjà ancienne (Hakimiet-i Millié, 1-9). Un banquet fut offert par la direction de la Voks aux visiteurs turcs, la veille de leur départ. Les écrivains turcs les plus en vue, le haut personnel des Affaires étrangères, les représentants des presses turque et soviétique, y assistaient. Sur la demande du directeur de la Voks, Yakoub Kadri Bey, journaliste et homme politique lui aussi, y fit un remarquable discours, bien d'actualité, sur la littérature turque ; il y fit ressortir les avantages du turc et le caractère artificiel de son ancienne littérature, faite à l'imitation de l'étranger (ibidem, 2)."

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05/04/2017

L'intervention de Yakup Kadri Karaosmanoğlu au Ier Congrès des écrivains soviétiques (1934)

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"Le premier Congrès pan-unioniste des écrivains soviétiques", Bulletin périodique de la presse russe, n° 243, 11-13 octobre 1934, p. 12 :


"M. Yakoub Kadri, délégué de Turquie, parle de la lutte commune menée contre le capitalisme européen ; il dit :

« Si je vous appelle « amis », c'est parce que je suis venu vous saluer au nom d'un peuple ami qui a lutté presque en même temps que vous, contre l'autocratie et contre l'impérialisme.

La vieille Turquie inerte offrait par elle-même un champ par trop commode pour l'exploitation économique et politique de l'Europe capitaliste.

De ce point de vue, le sort de la Turquie était identique à celui du prolétariat de tous les pays. Le monstre du capitalisme se nourrissait de la chair et du sang des paysans anatoliens au même degré qu'il se nourrissait de la chair et du sang de la classe ouvrière de l'Europe.

Nous nous sommes rapprochés en frères d'armes dans la lutte contre ce front unique du capitalisme... »

Passant à la littérature, l'écrivain turc déclare que la littérature de la seconde moitié du XIXe siècle doit être considérée comme ayant perdu tout de son importance, en tant que reflétant la vie « d'une société en pleine déchéance morale et intellectuelle ». La jeunesse d'aujourd'hui est loin de partager les souffrances d'un Werther ou d'une Mme Bovary.

« Aux yeux des jeunes gens de 1934, ces types-là, dit M. Yakoub Kadri, ne peuvent être précieux qu'en tant que curiosités historiques. Cette assertion est juste également pour les types créés vingt ans auparavant. Le sujet d'adultère dans la littérature bourgeoise, dont les promoteurs furent Paul Bourget dans ses romans, et Alexandre Dumas fils dans le théâtre, ne suscitera plus chez nous qu'un sourire de mépris...

L'art, en réalité, ne sera productif que quand la révolution sociale liquidera les vieilles valeurs cadavériques. »

Divisant le monde en quatre fractions idéologiques : capitaliste, communiste, fasciste et « peuples luttant pour leur affranchissement national », l'orateur poursuit :

« En tant qu'exemple des succès de la révolution et de l'édification socialiste, il faut citer la Russie soviétique. Quant à l'exemple de l'affranchissement national, j'indiquerai la Turquie républicaine. Les deux pays n'ont pas encore achevé leur édification intérieure, ce qui explique le retard apporté dans la création des nouvelles valeurs culturelles. L'ère d'un grand art n'a pas encore commencé. mais elle se fait sentir dans ces deux pays...

En Anatolie, mon peuple a dû se battre pour sa libération. Le monde impérialiste tout entier voulait l'asservir. L'or et les armes ont été mobilisés par le monde capitaliste afin d'exterminer la nation turque. Ce fut là une triste période de notre histoire. Les canons, les autos blindées, les tanks, les aéroplanes, les engins meurtriers menaçaient de tous côtés la vie d'une nation. Et la Turquie qui durant des siècles avait été un morceau alléchant pour tous les impérialistes d'Europe, la Turquie qui durant deux siècles courait le danger de démembrement de son territoire, — cette nation turque a dû unir toutes les forces qui lui restaient encore depuis la guerre mondiale, pour se jeter sur les occupants...

Camarades, la nation turque a remporté cette victoire grâce à la bravoure des paysans turcs. (Applaudissements.) L'Europe impérialiste, avec toute sa technique et tous ses engins de destruction, a subi une défaite sur le sol anatolien. Mais cet événement historique n'a pas encore inspiré l'art et la littérature, car, comme dans d'autres pays, ce n'est pas toujours que les peintres et les écrivains sentent ou entendent la voix de l'époque... » (Izvestia, 27-8.)"

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